Tribune du secrétaire général, Nataniel Mendoza, parue dans la Tribune de Genève le 25.10
Le 24 novembre, nous devrons faire un choix crucial: voulons-nous des villes submergées par les voitures, ou des espaces où il fait bon vivre? Derrière les six projets d’extensions autoroutières qui seront soumis à notre vote, se cache une vision dépassée et dangereuse de la mobilité.
PRO VELO s’en inquiète particulièrement.
Que ce soit dans les coulisses, au contact des élus, des ingénieurs, des urbanistes, ou sur le terrain, en enseignant à des femmes migrantes à circuler en toute sécurité, nous sommes à l’avant-garde d’un combat pour des villes plus vivables.
Soyons clairs: ces projets autoroutiers vont défigurer nos villes et rendre nos rues encore plus invivables pour tous ceux qui ne se déplacent pas en voiture. Certes, les cyclistes ne circulent pas sur les autoroutes, mais c’est bien l’espace public que nous partageons tous qui est en jeu.
Chaque jour, nous faisons face à cette réalité. Combien de fois nous a-t-on rétorqué qu’il est «impossible» de créer des pistes cyclables sécurisées, car il y a trop de voitures? Et quand, à travers nos cours, nous enseignons aux enfants à survivre dans cet environnement hostile, il est évident que nos villes sont devenues des champs de bataille. Nos enfants n’ont plus d’espace pour jouer, nos aînés n’osent plus marcher, et les cyclistes doivent slalomer entre les dangers. Pourquoi? Pour maintenir l’hégémonie absolue de la voiture.
Pourtant, quand des infrastructures de qualité sont réalisées – comme la voie verte Annemasse - Eaux-Vives – elles sont plébiscitées. Mais ces rares bouffées d’air sont vite saturées, et on accuse déjà les cyclistes d’être une menace pour les piétons. On oublie de se poser la vraie question: pourquoi l’espace public est-il si étroit pour tout le monde sauf pour les voitures? Le vrai problème, c’est ce diplodocus que l’on refuse de voir: l’omniprésence étouffante de la voiture.
Plutôt que de s’attaquer à ce problème fondamental, notre gouvernement choisit de dépenser 5,8 milliards pour construire encore plus d’autoroutes aux abords des villes, et donc générer plus de trafic. Comment peut-on accepter une telle irresponsabilité, à une époque où les primes d’assurance maladie étranglent nos budgets, et où les maladies liées à la pollution et à la sédentarité explosent? Comment justifier un investissement aussi colossal dans un projet que l’Office fédéral des routes lui-même admet comme inefficace pour réduire les bouchons? Pour Genève, c’est plus de 44’000 véhicules et le retour des bouchons au bout de 10 ans (OFROU).
Sous l’influence de lobbies, le Conseil fédéral ferme les yeux sur la souffrance de milliers d’habitants, étouffés par le bruit, la pollution, et le danger permanent. Il ignore la seule solution viable pour l’avenir: des villes conçues pour les gens, pas pour les voitures. Plus de trains, plus de transports publics, plus de marche, plus de vélos. Des villes respirables, vivables, humaines.
Le 24 novembre, ne laissons pas ce projet destructeur dicter l’avenir de nos agglomérations. Ce n’est pas juste une question d’autoroutes, c’est une question de qualité de vie. Nous méritons mieux que des routes sans fin et des villes invivables. En disant non à cette vision rétrograde, nous disons oui à des villes où nous pouvons enfin respirer, nous déplacer, et vivre.